Le monde entier connaît désormais cette ville, Wuhan. Capitale de la province d’Hubei, en Chine et point de départ de la pandémie de COVID-19 (Coronavirus Disease 2019). Le 31 décembre 2019, la commission sanitaire municipale de Wuhan signale officiellement la présence d’un groupe de cas de pneumonie dans la ville (OMS, 2020). Les autorités sanitaires chinoises et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2020) déclarent conjointement, le 9 janvier 2020, que cette maladie infectieuse respiratoire est causée par une nouvelle souche de bêta coronavirus, le SARS-CoV-2 (Severe Acute Respiratory Syndrome Corona Virus 2) (OMS, 2020). La séquence de ce virus, préalablement appelé 2019-nCoV (Novel Coronavirus), est partagée publiquement par les autorités chinoises le 12 janvier 2020 (ONU, 2020).
Alors que le SARS-CoV-2 s’est propagé rapidement sur tous les continents, le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, déclare le 11 mars 2020 lors d’une conférence de presse que « la COVID-19 peut être qualifiée de pandémie » (OMS, 2020). Ainsi, le bulletin quotidien de l’OMS annonce chaque jour des millions de cas de la COVID-19 répartis dans toutes les régions du monde. Bien que l’ensemble de l’humanité soit touché, on constate que toutes les régions du monde ne sont pas frappées de la même manière par la pandémie. Le continent africain, qui regroupe 17 % de la population mondiale, ne pèse que 5 % des cas mondiaux de la COVID-19 (Hardy et Flori, 2020). Une catastrophe était pourtant attendue en Afrique en raison de ses liens commerciaux privilégiés avec la Chine et de la fragilité de son système de santé (Gilbert et al., 2020).
Tandis que les effets immédiats de la pandémie dans le domaine de la santé continuent d’évoluer, les conséquences indirectes dans d’autres domaines sont déjà lourdes. Ce sont l’insécurité alimentaire, le manque de fournitures médicales, la perte des revenus et des moyens de subsistance, les difficultés à appliquer les mesures sanitaires et de distanciation physique, une crise de la dette qui menace, ainsi que les risques qui en découlent sur les plans politique et de la sécurité. La présente partie donne un aperçu de l’évolution de la pandémie et les impacts économiques de cette dernière en Afrique.
En Juillet dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est déclarée préoccupée par l’accélération de l’épidémie de COVID-19 sur le continent africain, qui avait jusqu’à présent été relativement épargné. L’Afrique est le deuxième continent le moins touché devant l’Océanie.
Evolution générale
A la date du 9 Janvier 2021, tous les pays sont touchés avec 3 021 769 de cas recensés et 72 121 décès. L’Afrique du Sud est le pays le plus touché par la pandémie sur le continent, avec 1 231 597 cas recensés et 33 163 décès.
Graphique 1: Evolution des cas de covid-19 en Afrique
Source : auteurs, à partir des données de l’Université Johns Hopkins.
Le premier cas de la COVID-19 sur le continent africain a été signalé le 14 février 2020. Au 13 mai, des cas avaient été signalés dans les 54 pays (OMS). Cette série chronologique (graphique 1) montre la dissémination grandissante du nombre de cas rapportés de la COVID-19 à travers le continent. Le virus est aujourd’hui présent dans chacun des 54 pays d’Afrique. Des points chauds sont apparus en Afrique du Sud, en Afrique du Nord, et en Afrique de l’Ouest notamment en raison d’une dissémination plus rapide causée par une forte densité de population urbaine, la disponibilité et l’efficacité du dépistage et du recensement, et le niveau de contacts internationaux, parmi d’autres facteurs.
Alors que le nombre de cas en Afrique augmente à un taux d’environ 6% par jour (Centre d’études stratégiques de l’Afrique), de nouvelles politiques et des changements de comportements seront nécessaires si l’Afrique veut éviter les pires effets de la pandémie. Tout en reconnaissant les grandes variations à travers le continent, il faudra, pour ralentir l’expansion exponentielle du virus dans chaque pays, en identifier et couper les principales voies de transmission.
C’est dans ce sens qu’il faut noter la réaction de l’Union Africaine qui a réagi rapidement, en approuvant en février une stratégie commune pour le continent et en complétant les efforts des États Membres et des communautés économiques régionales par la mise à disposition d’une plateforme de santé publique. Le Président de l’Union africaine et Président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a nommé quatre envoyés spéciaux chargés de mobiliser un soutien international aux efforts faits par l’Afrique pour faire face aux conséquences de la COVID-19.
Les Centres africains de prévention et de contrôle des maladies, établis en 2017, recueillent des informations en temps réel, en étroite collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Leur nouveau partenariat pour l’accélération du dépistage de la COVID-19 (PACT), qui vise à tester 10 millions de personnes en six mois, complétera les efforts des gouvernements tout en favorisant des avancées importantes dans la promotion d’une gestion de la pandémie fondée sur les connaissances. L’appui de l’OMS à une accélération sensible en vue d’atteindre cet objectif sera essentiel, sachant qu’à ce jour la disponibilité de trousses de dépistage est limitée sur tout le continent. Les Centres africains de prévention et de contrôle des maladies ont également mis en place le Fonds d’intervention COVID-19 pour l’Afrique, en collaboration avec l’initiative AfroChampions (secteurs public et privé), afin de réunir initialement 150 millions de dollars US. pour les besoins immédiats, puis jusqu’à 400 millions de dollars afin de soutenir une action sanitaire et une assistance socioéconomique durables en faveur des populations les plus vulnérables de l’Afrique.
Graphique 2: Evolution des décès de covid-19 en Afrique
Source : auteurs, à partir des données de l’Université Johns Hopkins.
La plupart des pays africains ont vite réagi, en imposant des quarantaines, des confinements et des fermetures de leurs frontières. À ce jour, les pays où le niveau de dépistage est plus élevé ont des taux d’infection plus bas, mais les capacités limitées ont compliqué le calcul des taux précis de transmission, d’hospitalisation et de mortalité. Les communautés économiques régionales ont elles aussi été proactives en lançant des initiatives dans leurs régions respectives.
La prudence s’impose cependant, car nous sommes au début du cycle de vie d’une maladie qui n’est pas encore totalement connue et pour laquelle nous avons observé un schéma constant d’évolution lente tout d’abord, puis exponentielle, du nombre de cas. Les faibles chiffres enregistrés à ce jour pourraient s’expliquer par des capacités minimes de dépistage et de signalement des cas. L’OMS a attiré l’attention sur le fait que la pandémie pourrait tuer entre 83 000 et 190 000 personnes dans 47 pays africains au cours de la première année, en fonction principalement des réactions des gouvernements, et les conséquences socioéconomiques pourraient être latentes durant plusieurs années. Ce qui n’est pas le cas quand nous nous référons au graphique 2, qui montre que le nombre de décès lié à la COVID-19 en Afrique est en deçà 45 000 morts à fin Octobre.
En outre, comme dans d’autres régions, la pandémie de la COVID-19 en Afrique ne présente pas un seul et même visage. Elle affecte les pays africains de différentes façons, selon leurs forces et leurs faiblesses. Ainsi, un tiers seulement des Africains peuvent se laver les mains convenablement, et on compte moins d’un médecin pour 1 000 personnes sur le continent. Certains pays ont néanmoins tiré un grand nombre de leçons pertinentes des précédentes épidémies de VIH/SIDA et d’Ebola en ce qui concerne la participation des populations, la communication des risques et l’adaptation de méthodes locales et innovantes en vue de mettre au point des approches africaines de suivi de la propagation de la maladie. Les Centres africains de prévention et de contrôle des maladies renforcent les capacités de la région en développant les moyens de dépistage, en favorisant une gestion de la pandémie fondée sur les connaissances et en soutenant les efforts que font les gouvernements pour mobiliser les ressources nécessaires à une action sanitaire durable.
Au 17 avril 2020, la COVID-19 avait tué 1 000 personnes en Afrique, selon des bilans officiels. Et selon le directeur général de l’OMS, compte tenu de la difficulté d'obtenir des kits de diagnostic, il est probable que les nombres réels sont plus élevés. Pour autant, l'OMS estime qu'à ce stade, l'épidémie peut encore être contenue. Et au sein même des organisations onusiennes, les voix sont parfois relativement discordantes pour décrire l'évolution de la maladie en Afrique.
Le nombre de nouveaux cas quotidiens confirmés est globalement en baisse depuis le mois d’Août, bien que certains pays connaissent au contraire une augmentation, selon le Centre Africain de Contrôle des maladies (CDC). Ainsi, le nombre de nouveaux cas signalés chaque semaine a diminué de 17 % en moyenne. Ce qui présupposait que l’Afrique avait eu son pic (graphique 3).
Graphique 3: Evolution par jour du nombre de décès de COVID-19 en Afrique
Source : auteurs, à partir des données de l’Université Johns Hopkins.
Cela peut s'expliquer par le ralentissement du taux de contamination dans certains des pays les plus peuplés de la région, comme l'Afrique du Sud, l'Égypte et le Nigeria.
Mais il y a eu une augmentation des cas dans certains pays d'Afrique de l'Est et du Nord.
L'Ouganda et le Rwanda ont connu une augmentation du nombre de cas, tandis que les cas au Kenya et en Somalie ont diminué.
En Afrique du Nord, le Maroc et la Tunisie connaissent une augmentation soutenue du nombre de cas, et il y a eu une augmentation rapide des cas en Libye, selon l'OMS.
Cependant, l'Algérie et l'Égypte ont toutes deux vu une diminution des cas confirmés au cours cette même période. Parmi les autres pays qui enregistrent une baisse des nouveaux cas, citons le Ghana, le Gabon, Madagascar et la Zambie.
Le taux de mortalité par habitant a été faible par rapport à d'autres régions du monde, malgré la faiblesse des infrastructures sanitaires dans de nombreux pays africains. Selon l'OMS, cela pourrait être dû en partie à la relative jeunesse de la population africaine, plus de 60 % des habitants ont moins de 25 ans. On sait que le taux de mortalité des personnes âgées est plus élevé pour la COVID-19.
Les problèmes de santé communs aux pays riches, comme l'obésité et le diabète de type 2, sont également moins fréquents en Afrique.
Parler de l’Afrique en général pourrait cacher des disparités car, c’est un continent composé de 54 pays et peuplé de 1,2 milliard d’habitants, dont les réalités sont très différentes suivant les régions.
Evolution par région
Les pays du Maghreb ont été touchés les premiers, notamment l’Égypte, qui est un des premiers pays qui a rapporté des cas importés, suivi de l’Algérie et le Maroc. Cette ancienneté de l’épidémie pourrait expliquer pourquoi on y dénombre le plus de cas, rapportés à la population.
Graphique 4: Evolution du nombre de cas et de décès en Afrique du Nord
Source : auteurs, à partir des données de l’Université Johns Hopkins (Décembre 2020).
L’Égypte est le premier grand pays touché par la pandémie sur la zone le 14 février. Le pic épidémique a été atteint fin juin, puis le nombre de cas a diminué rapidement jusqu’à la fin du mois de juillet. Depuis le nombre de cas déclarés reste stable à un peu moins de 200 cas quotidien en moyenne. La létalité cumulée, égale à 5,6 %, est supérieure à celle du 28 juin (CDC). Ce qui fait de ce pays celui qui a connu plus de morts (graphique 4).
En Algérie, le rebond des cas depuis le 20 juin a atteint son maximum le 25 juillet, depuis le nombre de cas diminue de façon continue. La létalité cumulée est égale à 4,1 % inférieure à celle aussi du 28 juin (CDC). Elle est le deuxième pays de la zone ayant un taux de létalité élevé, après l’Égypte (graphique 4).
Au Maroc, l’augmentation du nombre de cas amorcée fin juin s’est accélérée. En septembre l’augmentation est d’allure exponentielle. En novembre, ce dernier est le plus touché en nombre de cas confirmés (graphique 4). Les autorités attribuent cette situation au relâchement de la population. La létalité cumulée est égale à 1,8 % identique à celle du 28 juin (CDC). Un taux relativement faible malgré le nombre important de cas confirmés, faisant ainsi du Maroc, le deuxième pays qui connait un nombre élevé de morts après toujours l’Égypte.
Fin février, le premier cas de COVID-19 en Afrique de l’Ouest a été enregistré au Nigéria. En un mois, le virus s'est propagé à l’ensemble des pays de la région. Le nombre de cas confirmés dépend du nombre de tests effectivement réalisés par les pays. Pour de nombreux pays de la région, les données de dépistage sont soit incomplètes, soit non disponibles. De même, le nombre de morts doit être interprété avec prudence. Il peut en effet ne pas prendre en compte les personnes qui ne sont pas mortes à l’hôpital, ou qui sont mortes avant d’avoir pu être testées. Il risque aussi de ne pas inclure les personnes décédées d’autres causes parce que les hôpitaux sont débordés par l’afflux des patients atteints de la COVID-19.
Graphique 5: Evolution du nombre de cas et de décès en Afrique de l'Ouest
Source : auteurs, à partir des données de l’Université Johns Hopkins (Décembre 2020).
En Afrique de l’Ouest, les systèmes de santé sont plus ou moins fragiles selon les pays. C’est ce qui expliquerait en partie les disparités dans la dynamique de l’épidémie : certains gouvernements ont pu mettre en place une offre de tests plus importante, d’autres ont acquis au fil des années une expérience des épidémies qui leur sert durant la crise actuelle.
Les pays qui peuvent mieux tester leur population seront probablement plus à même de maîtriser l’épidémie de la COVID-19, en isolant les malades et en identifiant les contacts. On voit bien que la situation diffère selon les endroits : le nombre de cas de la COVID-19 a par exemple beaucoup plus progressé en Côte d’Ivoire et au Sénégal qu’au Burkina ou au Mali (graphique 5). Ainsi, les pays les plus touchés sont le Nigéria, le Ghana et la Côte d’Ivoire et ceux qui ont connu plus de morts sont le Nigéria, le Sénégal et le Ghana (graphique 5).
En Afrique centrale 76 658 cas d’infection contre 1 366 décès ont été enregistrés, le 9 novembre. Le Cameroun occupe la première place de la zone avec 22 421 cas d’infections, 433 décès (graphiques 6).
Graphique 6: Evolution du nombre de cas et de décès en Afrique Centrale
Source : auteurs, à partir des données de l’Université Johns Hopkins (Décembre 2020).
L’Afrique centrale est une des régions du monde où la pandémie a le plus faible impact sur la santé des populations. Les mesures de confinement étant limitées, le nombre de cas continue d’augmenter régulièrement. La situation est d’autant plus délicate que la pandémie de COVID-19 n’a pas épargné la région et que son impact socio-économique risque d’être plus important encore. Alors que plusieurs pays sont allés aux urnes, Il y a un risque de déstabilisation à la fois politique et sécuritaire qui pèse sur la sous-région avec une telle situation.
En Afrique de l’Est, le virus s’est propagé plus lentement que prévus et la plupart des pays ne semble pas avoir atteint le pic de la pandémie. Alors que les situations varient d’un pays à l’autre, le nombre de nouvelles infections par jour demeure faible.
Le Kenya et le Soudan sont les plus touchés dans la région Est de l’Afrique. Le premier par rapport au nombre de cas infectés et le second par rapport au fort taux de létalité (graphique 7).
Graphique 7: Evolution du nombre de cas et de décès en Afrique de l'Est
Source : auteurs, à partir des données de l’Université Johns Hopkins (Décembre 2020).
Le plus grand nombre de cas de contaminations et de décès a été enregistré en Afrique australe, avec 1 011 113 cas d’infections, 26 412 décès et 126 686 cas actifs, en Décembre.
L'Afrique du Sud qui est le pays le plus sévèrement atteint en Afrique, comptabilise en gros la moitié des cas de contaminations recensés dans les pays africains.
Avec ce nombre important de cas de contaminations, l’Afrique du Sud qui est le pays le plus industrialisé en Afrique, a vu son économie s’effondrer de 51% entre avril et juin (Agence de statistique de l’Afrique du Sud).
Certains pays, comme le Lesotho, ont agi avant même qu'un seul cas ne soit signalé. Il a déclaré l'état d'urgence et fermé les écoles le 18 mars, et s'est engagé dans un confinement de trois semaines environ dix jours plus tard, à l'instar de nombreux autres États d'Afrique australe.
Mais ce n'est que quelques jours après la levée de la quarantaine - début mai - que le Lesotho a trouvé ses premiers cas confirmés. Sur une population de plus de 2 millions d'habitants, il a enregistré en ce moment environ 1 967 cas et 44 décès (graphique 8).
Graphique 8: Evolution du nombre de cas et de décès en Afrique Australe
Source : auteurs, à partir des données de l’Université Johns Hopkins (Décembre 2020).
En somme, le faible nombre de cas par rapport aux autres régions a fait naître l’espoir que les pays africains pourraient éviter le pire par rapport à la pandémie, mais il convient de rester prudent. La maladie n’est pas encore totalement connue. Des capacités minimes de dépistage et de signalement des cas peuvent signifier que les chiffres officiels ne rendent pas totalement compte de la situation concernant la maladie en Afrique. Le taux de mortalité dépendrait en grande partie des mesures prises par les gouvernements.
Qu’en est-il cependant de l’impact économique de la pandémie en Afrique ?
La pandémie de la COVID-19 est apparue à un moment où les perspectives étaient prometteuses pour beaucoup de pays africains. Au début 2020, l’Afrique était bien placée pour poursuivre son développement économique, la croissance devant passer de 2,9 % en 2019 à 3,2 % en 2020 et 3,5 % en 2021 (ONU, 2020). Des progrès non négligeables étaient enregistrés dans la réduction de la pauvreté et au niveau des indicateurs de santé. Les technologies et l’innovation gagnaient de plus en plus de terrain sur le continent, les jeunes Africains étant les premiers à adopter les nouvelles plateformes telles que celles de l’argent mobile.
Les domaines de l’unité politique et de l’intégration économique n’étaient pas en reste, des progrès avaient également été accomplis. Selon le CNUCED (2019), l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), en mai 2019, devait stimuler le commerce entre les pays de l’Afrique dans une proportion pouvant atteindre 25% d’ici à 2040.
Dans le même temps, comme d’autres régions du monde, l’Afrique devait relever de grands défis. Elle n’était pas en voie d’atteindre les objectifs du Programme 2030 et de l’Agenda 2063. Une gouvernance faible, la corruption, la dégradation de l’environnement, les violations des droits de l’homme, une diversification économique insuffisante, des difficultés sur le plan humanitaire et des situations de conflit, entre autres, continuaient de fragiliser les progrès.
C’est dans ce contexte que les pays africains font face à la pandémie de COVID-19. Bien que les effets de cette maladie ne se soient pas encore faits pleinement sentir, le défaut prolongé d’investissement dans les systèmes de santé de base et des décennies de croissance économique qui ont exacerbé les griefs et les inégalités accroissent la vulnérabilité de l’Afrique (ONU, 2020).
L’Afrique sera durement touchée par les conséquences économiques à moyen et long terme de la pandémie. La chute du PIB pourrait mettre l’économie en panne et exacerber les inégalités structurelles constatées auparavant dans la plupart des économies africaines. Dans un grand nombre de pays d’Afrique, la plupart des individus gagnent leur vie grâce à l’économie informelle et ne sont guère assurés contre les bouleversements imprévus.
Parallèlement, de nombreuses entreprises établies officiellement, en particulier les petites entreprises, viennent à manquer de réserves pour rester à flot. Au fil du temps, on pourrait assister à une récession et à une crise financière de grande ampleur. Les mesures de redressement économique sont généralement prises après le déclenchement d’une crise et lorsque les problèmes humanitaires font l’objet d’une certaine attention. Selon l’ONU (2020), ce scénario ne se déroulera pas avec la COVID-19 parce que le chômage, les pertes d’emplois et la diminution des richesses (dépouillement des actifs) ont commencé à se produire très tôt, avant même les effets sur la santé. Le tableau 1 fait la récapitulation de ces conséquences.
Tableau 1: Effets économique de la covid-19 en Afrique
Conséquences économiques de la covid-19 en Afrique
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Effets du premier ordre
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Effets du deuxième ordre
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Effets du troisième ordre
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• Chute du PIB
• Détérioration de la balance commerciale
• Perte d’emploi et de
moyens de subsistance
• Diminution des richesses
• Augmentation des
dépenses de santé et des
dépenses connexes
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• Désorganisation des
chaînes d’approvisionnement nationales
• Ralentissement de l’activité économique
• Accroissement de l’activité
dans le secteur informel
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• Récession
• Crise de la dette
• Difficultés financières
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Source : Emergence Consulting Afrik (ECA 2020)
Les économies africaines sont lourdement affectées et les moyens de subsistance anéantis par la COVID-19 et cela persiste du fait que la pandémie n’est pas encore contenue. Cette situation s’explique notamment par :
- La chute de la demande de produits de base en provenance d’Afrique ;
- La fuite de capitaux investis sur le continent ;
- L’effondrement quasi-total des activités liées au tourisme et au transport aérien.
Selon une étude de l’Institut d’études de sécurité (ISS), de Gordon Institute of Business Science (GIBS) et de Frederick S. Parade Center for International Futures, l’impact économique et social de la pandémie se fait déjà sentir et pourrait déclencher une série de crises de la dette. Elle se fonde sur la modélisation de trois scénarii de l’impact probable de la COVID-19 sur la croissance économique (voir graphique 9), le revenu par habitant, la pauvreté (voir graphique 10) et les Objectifs de développement durable (ODD) en Afrique. Selon l’étude, en 2020, les recettes publiques en Afrique devraient être inférieures de 45 milliards de dollars par rapport aux prévisions antérieures à la pandémie de la COVID-19. La reprise économique devrait être progressive après la levée complète des mesures de confinement en Afrique, et elle se verra affectée par l’effondrement attendu des recettes fiscales ainsi que par la baisse de l’emploi (voir graphique 10) et des revenus des ménages. Aussi, la contraction économique est aggravée par le fort endettement de nombreux pays africains. En raison de la dépréciation de nombreuses devises africaines en 2020, le coût du service de la dette a augmenté pour atteindre environ 40 milliards de dollars US par an. La COVID-19 est donc susceptible de déclencher une crise de la dette et, éventuellement, un défaut de paiement de la part de certains pays.
De plus, selon l’étude, l’impact de la COVID-19 sur l’extrême pauvreté est particulièrement grave. En 2020 déjà, ce sont 12 millions d’Africains supplémentaires qui ont un revenu inférieur au seuil d’extrême pauvreté de 1,90 dollar US par jour, et ce chiffre passera à 26 millions de personnes en 2021. Quant aux prévisions antérieures de 570 millions d’Africains vivant dans l’extrême pauvreté en 2030, elles ont été revues à la hausse en raison de la COVID-19, atteignant les 631 millions de personnes.
Graphique 9: Baisse prévue de la croissance du PIB réel
Source : Emergence Consulting Afrik (ECA 2020).
Graphique 10: Effet de la baisse de la croissance sur la pauvreté et la création d'emplois
Source : Emergence Consulting Afrik (CEA 2020).
Les pays africains ne peuvent pas se permettre d’attendre que le virus soit contenu avant de mettre en œuvre des programmes de soutien économique et social. Les travailleurs du secteur informel en Afrique (85,8% de la main-d’œuvre), qui constituent une grande masse, ne peuvent pas se conformer aux consignes de distanciation physique et de confinement à domicile sans conséquences graves pour leurs vies et leurs moyens de subsistance (OIT). Un grand nombre des actifs dans les ménages seraient contraints de choisir entre mourir de faim ou de COVID-19. De plus, près de 90 % des femmes employées en Afrique travaillent dans le secteur informel et ne bénéficient d’aucune protection sociale. Les foyers sous la responsabilité des femmes sont particulièrement vulnérables.
La date de juillet 2020, retenue pour le lancement des échanges commerciaux dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine, a été reportée en raison de la pandémie, ce qui retarde la concrétisation attendue de nouvelles possibilités d’exportation, d’emploi, d’investissement dans des infrastructures et de financement pour le développement de l’Afrique. Tandis que les négociations relatives à ladite Zone sont en suspens, les pays africains ont la possibilité d’évaluer l’impact potentiel d’un retard prolongé et de jeter les bases techniques de la mise en œuvre de l’accord.
Comme ailleurs dans le monde, l’industrie aérienne africaine, qui emploie 6,2 millions de personnes avec le tourisme, qui représentent une part importante du PIB, en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID), ont été sévèrement touchés (CNUCED, 2020). Les problèmes de financement qui en découlent se répercuteront probablement sur les autres secteurs de l’économie avec l’accroissement du risque de prêts improductifs. La crise a eu un impact très fort sur le tourisme et l’industrie aérienne en Afrique ; elle a également porté un coup aux infrastructures institutionnelles du continent, qui ont été bâties au cours des deux dernières décennies. Les gouvernements, les actionnaires et les institutions financières internationales pourraient s’interroger sur le soutien à apporter pour assurer la viabilité et la liquidité de ces secteurs, notamment au moyen de garanties sur les prêts et d’une exonération temporaire des taxes.
Les envois de fonds, qui constituent une source ou un complément de revenus non négligeable pour de nombreux ménages en Afrique, devraient diminuer, ce qui aura de lourdes conséquences pour des pays tels que les Comores, la Gambie, le Lesotho, le Libéria et la Somalie, où ils représentent plus de 10 % du PIB (ONU). Selon une estimation de la Banque mondiale, les flux de ce type à destination des pays d’Afrique subsaharienne devraient diminuer de 23,1% (37 milliards de dollars US en 2020). En Somalie, les envois de fonds, qui s’élèvent à 1,4 milliard de dollars US par an et constituent la première des catégories d’aide financière extérieure, ont fortement diminué. Actuellement, c’est en Afrique subsaharienne que l’on trouve les frais de transfert parmi les plus élevés, avec une moyenne de 9,1 % par transaction.
Sous l’effet combiné de la crise, on constate une dépréciation des taux de change et on s’attend à une baisse du PIB de l’Afrique. La Commission économique pour l’Afrique (ONU) prévoit une croissance de 1,1% en 2020 dans le meilleur des cas et une contraction de 2,6 % dans le pire, qui priverait 19 millions de personnes de leurs moyens de subsistance et, compte tenu de la faiblesse des programmes de protection sociale en Afrique, ferait basculer jusqu’à 29 millions de personnes de plus dans la pauvreté. Les pays exportateurs de pétrole perdent jusqu’à 65 milliards de dollars US de recettes alors que les prix du pétrole brut continuent de chuter.
Si certains gouvernements souverains ont pu aider leur économie à se stabiliser pendant la pandémie de COVID-19, en Afrique, beaucoup d’entre eux ont peu de marge de manœuvre. Grevés par une lourde dette publique et des déficits budgétaires récurrents, ils n’ont pas les moyens pour en faire face, comme le font certains pays développés, pour sortir de la récession. Dans de nombreux cas, les instances africaines doivent se tourner vers des politiques fiscales ou monétaires pour limiter les dégâts, ce qui ne sera peut-être pas aussi efficace que des mesures de relance budgétaire pour favoriser une reprise solide et rapide.
Toutefois, il y a de l’espoir, certains pays peuvent compter sur des institutions solides et d’autre sont assez forts pour traverser cette crise. Pensons aux pays, qui jouissent d’une économie diversifiée, ou encore à ceux, qui éviteront la récession en raison de la solide croissance qu’ils ont enregistrée dans les dernières années.
La maladie à la COVID-19 est apparue pour la première fois au Burkina Faso le 10 mars 2020. A la date du 09 Janvier 2021 le Burkina Faso a enregistré 7.866 cas confirmés dont 5.710 guéris (soit 72,59%), 2.067 cas actifs (soit 26,28%) et 89 décès (soit 1,13%). Comme l’indique le graphique ci-dessous la propagation de la pandémie évolue en dents de scie avec une recrudescence en fin d’année 2020 où le pays a enregistré 315 cas uniquement le 12 décembre 2020.
Graphique 11: Evolution journalière du nombre de cas confirmés au Burkina Faso
Source : Auteur, à partir des données collectées auprès de l’OMS (2020)
Au Burundi, la maladie à la Covid-19 est apparue pour la première fois au Burundi le 31 mars 2020. Mais à la date du 09 Janvier 2021 le pays a enregistré 885 cas confirmés dont 773 guéris (soit 87,34%), 110 cas actifs (soit 12,43%) et 2 décès (soit 0,23%). Comme l’indique le graphique ci-dessous la propagation de la pandémie évolue aussi en dents de scie avec un pic de 78 cas le 13 juillet 2020. Cependant, on note que cette pandémie est relativement de faible ampleur au Burundi.
Graphique 12: Evolution journalière du nombre de cas confirmés au Burundi
Source : Auteur, à partir des données collectées auprès de l’OMS (2020)
La maladie à la COVID-19 est apparue pour la première fois en RCA le 15 mars 2020. A la date du 09 janvier 2021 le pays a enregistré 4.969 cas confirmés dont 1.985 guéris (soit 39,95%), 2.921 cas actifs (soit 58,78%) et 63 décès (soit 1,27%). Comme l’indique le graphique ci-dessous la propagation de la pandémie a connu une recrudescence de mi-mai à fin juillet et semble se stabiliser ces derniers mois.
Graphique 13: Evolution journalière du nombre de cas confirmés en RCA
Source : Auteur, à partir des données collectées auprès de l’OMS (2020)
Pour contenir la propagation de la COVID-19, le gouvernement Burkinabè a pris des mesures collectives ou institutionnelles et les mesures économiques. Comme mesure collectives, on note : (i) la sensibilisation aux mesures d’hygiène préventive notamment le lavage des mains, la distanciation physique, le port obligatoire du masque facial, (ii) la fermeture des établissements, des universités et écoles de formation, (iii) l’interdiction et la restriction des rassemblements publics, (iv) la fermeture des frontières aériennes et terrestres, (v) l’instauration d’un couvre-feu de 21H à 04H du matin, (vi) la suspension du transport interurbain et urbain de personnes, (vii) la fermeture des grands et petits marchés et (viii) la mise en quarantaine des villes touchées par la maladie.
Comme mesures économiques, le gouvernement burkinabè a décidé : (1) la remise automatique des pénalités et amendes exigibles, (2) la suspension des opérations de contrôle sur place à l’exception de cas avérés de fraudes, (3) l’exemption de la contribution des micro-entreprises du secteur informel, (4) l’exonération de la TVA sur la vente des produits utilisés dans le cadre de la lutte conte le COVID-19, (5) l’exonération des taxes et droits de douane sur les produits pharmaceutiques, les consommables médicaux et équipements entrant dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, (6) le report de la date limite de paiement de la taxe sur les véhicules à fin juin 2020, (7) la délivrance des attestations de situation fiscale aux entreprises non en règle de leurs obligations fiscales jusqu’au 30 juin 2020, (8) La suspension de la Taxe patronale d’apprentissage (TPA) sur les salaires au profit des entreprises du secteur du transport des personnes et de l’Hôtellerie, (9) la suspension des poursuites en matière de recouvrement des créances fiscales et de la perception du minimum forfaitaire pour les Établissements relevant du secteur du Transport des personnes, de l’Hôtelleries, de la Restauration et du Tourisme, (10) la réduction de 25% de la patente au profit des Entreprises du secteur du Transport des personnes, de l’Hôtellerie et du Tourisme. Les entreprises ayant déjà payé la patente pourront opter pour une compensation avec les autres impôts locaux, (11) l’application d’un taux réduit de TVA de 10% au secteur de l’Hôtellerie et de la Restauration, (12) la suppression des charges et taxes imposables à l’organisation des activités culturelles, (13) l’annulation des pénalités de retard dans l’exécution des marchés publics au niveau de l’Etat central et des collectivités territoriales, (14) les remises d’impôts directs dans le cadre d’un examen individualisé des demandes et ce, pour les cas extrêmes.
Dans le même sens, pour accompagner les entreprises qui rencontrent des difficultés du fait de la crise consécutive à la COVID-19, il est prévu : (a) le report d’échéances pour les entreprises qui en font la demande, (b) la répercussion de la baisse du coût de ressources de la BCEAO sur les taux d’intérêt de crédits à la clientèle, dans le cadre des réaménagements de crédits aux entreprises résidentes, (c) le ministre de l’Economie, des finances et du développement, a donné des instructions à tous les Fonds Nationaux et approchera les institutions de microfinance pour examiner avec attention les dossiers de leurs clients en difficultés.
Au titre des mesures sociales d’accompagnement, pour les mois d’avril à Juin 2020, il a été décidé de : (1) la prise en charge des factures d’eau de la tranche sociale, et la gratuité de la consommation au niveau des bornes fontaines, (2) la prise en charge des factures d’électricité pour les couches sociales utilisant des branchements de 3 ampères monophasés, (3) le rabattement des factures d’électricité de 50% pour les couches sociales utilisant des branchements de 5 et 10 ampères monophasés, (4) l’annulation des pénalités sur les factures de la SONABEL (Electricité) et de l’ONEA(Eau), (5) la réduction de 50% du coût des kits solaires dans le cadre du projet Solar Home System pour les ménages vulnérables, (6) la réactivation des boutiques témoins de la SONAGESS, (7) la sécurisation des stocks de produits de grande consommation, en concertation avec les acteurs de la chaine d’approvisionnement et le contrôle économique renforcé des prix sur le territoire national.
Au titre des marchés pour la période d’avril à juin 2020, le gouvernement burkinabè a décidé de :
1). La suspension des loyers, (2) la suspension des droits de place, (3) la prise en charge des factures d’eau et d’électricité, (4) la prise en charge des frais de gardiennage, (5) le don de vivres aux personnes vulnérables des marchés fermés à travers leurs faîtières, (6) la gratuité du stationnement pour les taxis.
Au titre des médias et des entreprises du secteur de la publicité, le gouvernement burkinabè a décidé de : (1) l’utilisation de la subvention de l’Etat à la presse privée au titre de l’année 2020 et des crédits disponibles au titre du Fonds d’appui à la presse privée pour accompagner le secteur et (2) la réduction de 50% au titre de l’année 2020, du paiement de la redevance TNT pour les télévisions et des redevances ARCEP pour les organes de presse de radiodiffusion.
Au titre des mesures de soutien à la relance de l’économie le gouvernement burkinabè a décidé de : (1) la mise en place d’un fonds de relance économique pour les entreprises en difficulté d’un montant de 100 milliards FCFA, (2) l’acquisition d’intrants agricoles et d’aliments pour animaux pour soutenir la production alimentaire et pastorale, pour un montant de 30 milliards FCFA, (3) la mise en place d’un fonds de solidarité au profit des acteurs du secteur informel, en particulier pour les femmes, pour la relance des activités commerciales de légumes et fruits, d’un montant de 5 milliards FCFA, (4) le financement de la recherche sur les maladies infectieuses et la production de médicaments pour un montant de 15 milliards FCFA et (5) la poursuite du règlement de la dette intérieure.
Pour limiter la propagation de la Covid-19, le Gouvernement Burundais a mis en place des mesures de restrictions notamment : (i) les tests systématiques des contacts des cas confirmés, (ii) la fermeture de l’Aéroport International de Bujumbura et interdictions de vols excepté les vols cargo, sanitaires et diplomatiques, (iii) la fermeture des postes frontières exceptés pour le transport terrestre des produits alimentaires et autres transports de fret, (iv) les personnes rentrant au Pays étaient sujet de mis en quarantaine pour 14 jours d’isolation dans les hôtels et autres centres prévus à cet effet, (v) une campagne de sensibilisation sur les mesures à prendre pour contenir la propagation du virus avaient été initiée. Elle consiste au lavage fréquent des mains, à éviter les poignées de main et à respecter une distanciation sociale d’un mètre.
Initialement la riposte du gouvernement Centrafricain était fondée sur quatre actions prioritaires : dépistage, mise en quarantaine, traitement des patients et suivi des cas de contact. A la suite, le gouvernement a édicté de nouvelles mesures complémentaires de lutte dans l’objectif d’empêcher ou de limiter la transmission locale. Il s’agit en effet de : (1) la suspension des entrées en République Centrafricaine des voyageurs étrangers à l’exception des Diplomates, des ONG, en provenance des pays à transmission locale, (2) la fermeture de tous les établissements préscolaires, scolaires et universitaires pour une période de 15 jours renouvelable, si nécessaire, (3) la fermeture des bars dancing, buvettes, caves et dépôts de vente de boissons, (4) une interdiction de rassemblement public de plus de 15 personnes, (5) la Fermeture de l’aéroport, à l’exception des vols humanitaires, des vols cargos, des aéronefs en difficulté des escales techniques sans débarquement des passagers ou des vols spéciaux autorisés, (6) l’Interdiction totale de sortir de son lieu de quarantaine à toute personne suspecte, sauf décisions médicales, (7) l’Obligation d’isolement pour les cas confirmés, (8) la prorogation de la période de la quarantaine et de confinement de 14 à 21 jours en fonction des données épidémiologiques, (9) la déclaration obligatoire aux autorités sanitaires de tout sujet suspect au Coronavirus, (10) la limitation des cérémonies de deuils, de mariages, de dots à la stricte intimité familiale, (11) la restriction des mouvements de populations entre Bangui et les provinces. Cette mesure vise à prévenir la propagation de l’infection de la capitale aux provinces en cas de transmission locale à Bangui, (12) l’établissement des comités locaux de crise dans les provinces et (13) la suspension des cérémonies et cultes religieux regroupant plus de 15 personnes.
L’objectif de cette section est d’analyser les impacts de la COVID-19 sur les agrégats macroéconomiques des différents pays.
Comme la plupart des chocs, le choc sanitaire causé par la pandémie à Covid-19 ne devrait pas rester sans conséquences sur la production et la croissance du PIB.
Effets sur la croissance du PIB
Selon le rapport de CSI-AFRIQUE (2020), au Burkina Faso, le ralentissement de l’activité économique devrait s’observer dans tous les secteurs. Le taux de croissance de 6,5% prévu initialement devrait chuter à 2% en 2020. A l’aide de différentes simulations, Ouedraogo et al. (2020) montrent que la crise de COVID-19 pourrait se traduire par une baisse importante du taux de croissance dans le scénario optimiste (1.38% contre une croissance prévisionnelle de 6.5%) et une récession économique (-1.75%) dans le scénario pessimiste. Une telle évolution représente une perte de la richesse nationale allant de 345 milliards à 645 milliards de francs CFA.
Graphique 14: Impact sur le taux de croissance du PIB réel (%)
Source : Auteur avec les données de la Banque Mondiale
Déficit budgétaire et endettement public
Selon Zidouemba et al. (2020), la baisse de l’activité économique au Burkina va engendrer une baisse des recettes publiques, ce qui pourrait conduire à un déficit public plus important atteignant -4,53% du PIB dans le scénario optimiste, et -6.12% du PIB dans le scénario pessimiste contre un déficit prévisionnel d’environ 3% du PIB. Selon les simulations du PNUD (2020), le Burkina Faso enregistrerait un déficit global de 444,3 milliards de FCFA (5,0% du PIB) contre 275,1 milliards de FCFA (3,0% du PIB), soit une dégradation du déficit de 169,0 milliards de FCFA. Le solde des transactions courantes se situerait à -8,3% contre -7,2% en tendanciel, soit une dégradation de 1,1%. Le besoin d’endettement risque de s’accroitre pour atteindre 1154,4 milliards de FCFA en 2020 contre 719 milliards FCFA initialement.
Effets sur les importations et les exportations
Les exportations seront affectées par la baisse de la demande mondiale combinée avec des contraintes logistiques. Le commerce total va diminuer vu la baisse attendue des exportations et des importations dû à la restriction du transport international et des mouvements de personnes ainsi que la baisse de la demande mondiale pour les produits primaires.
En ce qui concerne les exportations, les mesures nationales de lutte contre la COVID-19 ralentissent l’activité économique aussi bien dans le secteur industriel que dans celui des services (MEF, 2020). En conséquence, les exportations du Burkina Faso vers l’Afrique ainsi que les recettes y relatives vont baisser. Dans le même sens, le rallongement des procédures d’exportation dues aux coûts de transaction, augmente les coûts d’exportation, nuit à la compétitivité des produits burkinabés et induit une baisse des exportations. Aussi, la baisse des exportations pourrait être induite par la baisse de demande extérieure. En effet, même si le Burkina Faso arrive à maintenir des niveaux de productions stables, il se heurtera à la chute des prix sur les marchés mondiaux, induite par une baisse de la demande mondiale. Cette baisse, causée notamment par le ralentissement de l’activité économique dans les principaux pays partenaires, empêchera l’écoulement de la production, ou de l’écouler à un prix satisfaisant. Dans le même temps, il devra aussi faire face à des difficultés d’approvisionnement en équipements pour la production à cause des restrictions effectives dans plusieurs pays asiatiques et européens, ce qui aura des impacts également sur la production et les exportations.
Effets sur les recettes et les dépenses de l’Etat
La baisse des recettes publiques, estimée à 306 milliards de FCFA (environ 594,5 millions USD), soit un déficit budgétaire de 5%.
Au niveau des finances publiques, les recettes totales et dons devraient se situer à 1 917,8 milliards FCFA (3,2 milliards de USD) contre 2223,7 milliards de FCFA (3,7 milliards de USD), soit un gap de 306,0 milliards de FCFA (514,3 millions de USD) dont 227,1 milliards de FCFA (381,7 millions de USD) de recettes fiscales et 18,9 milliards de FCFA (31,8 millions de USD) de recettes non fiscales. Le taux de pression fiscale s’établirait ainsi à 16,1% contre 18,1% en tendanciel.
En ce qui concerne les dépenses totales et prêts nets, ils se situeraient à 2 361,9 milliards de FCFA (4 milliards de USD) à fin décembre 2020 contre 2 498,8 milliards de FCFA (4,2 milliards de USD) en tendanciel, soit une baisse de 200 millions de USD (-5,5%). Cette baisse, imputable essentiellement à celle des dépenses en capital (-351,6 milliards soit -39,5%), est toutefois atténuée par l’augmentation des dépenses courantes (+214,7 milliards de FCFA), notamment les transferts de l’Etat (+153,1 milliards de FCFA).
Effets sur l’emploi et revenu
La contraction des activités sectorielles risquerait d’entrainer une augmentation du chômage (figure 7) parce que certaines entreprises se verront obligées de libérer une partie importante de leurs employés pour survivre à la crise. Etant donné que les secteurs des services privés formels, et surtout informels sont de grands pourvoyeurs d’emplois au Burkina Faso, et que ces secteurs subiront indéniablement les effets de la crise de COVID19, il va donc en résulter des effets négatifs sur l’emploi.
Graphique 15: impact sur le chômage
Source : Auteur avec les données de la Banque Mondiale
Effets sur la pauvreté et les inégalités
Du point de vue sociale, il est attendu un creusement de la pauvreté et une augmentation des inégalités (PNUD, 2020). Etant donné que 40,1% des burkinabè vivent en dessous du seuil de pauvreté et le monde rural essentiellement agricole contribue pour 94% à cet état (EMC, 2014), toute réduction de la production et des revenus agrosylvopastoraux contribue automatiquement à l’accroissement de la pauvreté. Une recrudescence de l’insécurité et des protestations sociales est envisageable. Le Pays est confronté depuis 2016 à une insécurité généralisée qui se manifeste avec acuité dans les régions dites des trois frontières du Burkina, du Mali et du Niger. Cette insécurité mobilise les énergies des Forces de défense et de sécurité (FDS) et les volontaires communautaires pour aider les FDS. La mobilisation de ces forces pourrait être insuffisante sur le front COVID-19 (respect des mesures barrières) et engendrer des protestations des populations.
Effets sur la croissance du PIB
Au Burundi, la croissance économique qui est passée de 1,6 % en 2018 à 1,8 % en 2019, dans un scénario de base dans lequel la croissance mondiale tombe à -2,2% en 2020, la croissance du Burundi devrait ralentir à 1% en 2020 avant de remonter progressivement à 2,5% en 2022. L'inflation moyenne devrait augmenter régulièrement pour atteindre 5% en 2020, dû à une hausse des prix alimentaires qui pourrait se combiner avec d’autres pressions sur la monnaie.
Graphique 16: Impact sur le taux de croissance du PIB réel (%)
Source : Auteur avec les données de la Banque Mondiale
Déficit budgétaire et endettement public
Au Burundi, le déficit budgétaire global est estimé à 5,1% du PIB en 2019. La baisse attendue des recettes en même temps qu’une augmentation prévue des dépenses à la suite des actions urgentes mises en place pour faire face à la COVID-19 vont creuser davantage le déficit budgétaire. L’élargissement du déficit budgétaire va entrainer une hausse continue de l’endettement public. Vu l’accès limité aux financements extérieurs, le financement du déficit budgétaire se traduira par une nouvelle hausse de l’endettement intérieur alors que l’Etat doit aussi continuer à assurer le service de la dette extérieure. En effet, une situation fiscale difficile a provoqué une hausse rapide de la dette publique totale, estimée à 58.6% du PIB en 2019 contre 33% du PIB cinq ans auparavant. Cette hausse est induite par la dette intérieure qui a augmenté de plus de 200% en termes nominaux au cours des cinq dernières années, représentant 71% de la dette publique totale en 2019. La dette publique totale pourrait atteindre 62.8% du PIB en 2020, accroissant davantage l’exposition du secteur bancaire au secteur public, l’éviction du crédit au secteur privé ainsi que les inquiétudes sur la viabilité de la dette. La dernière analyse conjointe de la viabilité de la dette conduite par la banque mondiale et le FMI début 2015 avait conclu que le Burundi présentait un risque élevé de surendettement. En outre, une monétisation plus accrue du déficit fiscal serait nuisible à la stabilité financière et à la stabilité macroéconomique. Le pays a besoin de maitrise le risque de vulnérabilité de la dette avec une bonne gestion de la dette ainsi qu’une stratégie d’endettement adéquate.
Le déficit extérieur courant devrait diminuer en raison de la forte baisse des prix du pétrole et de la hausse des prix de l'or. Plus précisément, le déficit du compte courant est projeté à 10% du PIB en 2020, bien en dessous de son niveau de 2019 à 11,8%. Le déficit budgétaire devrait s'élargir à 6,1% du PIB en 2020, car la contraction du commerce international et de l’activité économique entraînera des pertes de recettes et une augmentation des dépenses de santé en raison de la COVID-19, combinée à des dépenses liées aux élections en 2020. Le plan d'urgence COVID-19, précédemment décrit, a été budgétisé à 28,5 millions de dollars pour une réponse de 6 mois, impliquant un déficit budgétaire supplémentaire de 0,7% du PIB à moins qu'un financement supplémentaire ne soit apporté par les partenaires au développement. Par ailleurs, son coût a subi une révision, ce qui implique un risque que le déficit budgétaire s’accroisse davantage. Le déficit budgétaire est projeté à une baisse pour atteindre 4,9% du PIB en 2021 et à 4,0% en 2022, grâce aux efforts visant à renforcer la collecte des recettes fiscales. La dette publique du Burundi devrait atteindre 61,8% du PIB en 2020 et devrait augmenter régulièrement pour atteindre environ 71.6% du PIB d'ici 2022. La dette publique restera principalement composée de dette intérieure. Dans le scénario pessimiste, la croissance du Burundi pourrait se réduire de 0,5 points de pourcentage supplémentaire en 2020. Le déficit budgétaire s'élargirait de 0,3% du PIB en 2020 et le déficit du compte courant s'améliorerait de 0,5% du PIB en 2020 par rapport au scénario de base. Dans les deux scénarios, l'économie rebondirait en 2021 grâce à la reprise attendue dans le reste du monde. La croissance du PIB réel atteindrait 2,3% en 2021 selon le scénario de référence et 2.5% selon le scénario pessimiste sous l’effet de rattrapage.
Effets sur les importations et les exportations
Les importations du Burundi proviennent principalement d'Europe avec 17% du total des importations, de l'Asie avec 53% dont 15% respectivement d'Arabie saoudite et de Chine, 7% d'Inde et des Émirats arabes unis respectivement et de l’Afrique avec 28% dont 18% venant des pays voisins. Les contraintes logistiques consécutives à la COVID-19 pourraient entraîner une disponibilité limitée et des prix plus élevés des articles importés.
Les exportations du Burundi pourraient être affectées de trois manières, notamment une baisse de la demande mondiale des produits de base, une baisse des prix et des contraintes logistiques. Les principales destinations des exportations burundaises sont l’Asie avec 55% des exportations totales dont 39% pour les Émirats arabes unis, l’Afrique avec 27% des exportations totales dont 18% avec les pays voisins du Burundi et l’Europe, avec 17% (données de 2019). La baisse de la demande globale affectera sans aucun doute les exportations du Burundi. En outre, les prix des produits de base devraient fortement baisser en raison du ralentissement économique mondial. Le prix international des exportations traditionnelles du Burundi (café et thé) a déjà connu une tendance à la baisse au cours des cinq dernières années. Seuls les cours internationaux de l'or, qui sont récemment entrés dans le panier des exportations du Burundi, sont en hausse. Par ailleurs, les exportations seront affectées par des interruptions dans la logistique avec la suspension des vols internationaux et la restriction des mouvements transfrontaliers.
Effets sur les recettes et les dépenses de l’Etat
Les recettes
Le Burundi a récemment renforcé la mobilisation de recettes domestiques, pour combler partiellement la perte d’appuis extérieurs. Les recettes fiscales sont estimées à 16% du PIB en 2019 (contre 11.3% en 2015), portant les recettes totales à 22.3% du PIB. Cette performance a été possible grâce à plusieurs mesures introduites depuis 2016, notamment la hausse des taux de taxation et un plan stratégique de l’Office Burundais des Recettes (OBR) sur la période 2018-2022 pour accroitre les recettes collectées. Cette performance va être affectée par le ralentissement économique causé par la COVID-19. Une baisse importante est attendue dans les revenus fiscaux sur le commerce international ainsi que sur le commerce intérieur. Les taxes sur le commerce intérieur sont particulièrement importantes parce qu’elles représentent près de 60% des recettes fiscales et 50% des recettes totales. Quant à l’aide au développement, elle a drastiquement baissé au cours des récentes années. Elle a totalisé 53% des revenus du Gouvernement sur la période 2010-2015, représentant 17.5% du PIB en moyenne annuelle sur la période avec 3.4% du PIB et 14.1% d’appuis projets. L’aide budgétaire a été suspendue depuis 2016 et les dons projets ont été considérablement bas depuis, oscillant autour de 3.5% du PIB sur la période 2016-2019.
Les dépenses publiques
La baisse attendue des recettes va se traduire par une réduction des dépenses publiques, en l’occurrence celles d’investissement. Les dépenses courantes devraient rester stables et même augmenter. Les dépenses salariales et les transferts sont assez incompressibles. Les dépenses sur biens et services pourraient baisser dû à la disponibilité limitée des produits et services importés et à une capacité réduite de financement à la suite de la baisse des revenus du Gouvernement. Cependant, les dépenses courantes totales devraient être maintenues et même s’accroitre à la suite de la hausse des dépenses de santé pour faire face à la COVID-19. Les dépenses en capital pourraient être très affectées par la baisse des recettes domestiques. Avant 2014, les dépenses en capital étaient élevées grâce aux appuis projets, totalisant 38.8% des dépenses totales et 14.4% du PIB sur la période de 2011 – 2014. La baisse de l’aide au développement et la réduction de l’espace fiscal ont entrainé une réduction des dépenses en capital qui ont atteint 6.5 percent du PIB sur la période de 2015-2018.
Effet sur les échanges extérieurs
L’impact du recul des cours des principaux produits d’exportation du Burundi sur les termes de l’échange (même si on peut s’attendre à un effet positif de la hausse des prix de l’or et de la baisse des prix du pétrole). Les contraintes d’offre liées aux perturbations causées par la peur d’être infecté et la mortalité ainsi que par le confinement (éventuel) et la limitation concomitante des mouvements de personnes et de biens, pèsent sur les coûts de transactions et perturbent le commerce, le tourisme et le transport.
Bien que faibles, les envois de fonds des migrants ont été stables ces dernières années, atteignant $36 millions en 2019 (1,2% du PIB). La plupart des envois de fonds proviennent de la Tanzanie (55% en 2018). Les transferts de fonds pourraient diminuer dû aux effets adverses sur les économies où travaille la diaspora burundaise. Quant aux transferts internationaux aux ONG (y compris l’aide humanitaire), leur récente reprise pourrait également être affectée par la pandémie. En effet, ils étaient descendus de 17.1% du PIB en 2013 à 6.9% du PIB en 2016, avant de remonter à près de 10% en 2019. Malgré leur baisse constatée à partir de 2015, ces transferts constituent une variable importante pour la balance des paiements puisque leurs montants dépassent systématiquement la valeur des exportations. Ces flux pourraient ralentir à la suite des problèmes de transfert bancaire à cause du confinement dans les pays.
Effets sur l’emploi et revenu
Le repli économique se traduira aussi par des pertes et une hausse de la précarité de l’emploi. L’incidence de cette détérioration pourrait être rude dans le secteur informel qui absorbe l’essentiel de l’emploi. En effet, 70 à 90% de l’emploi se trouve dans le secteur informel, principalement dans l’agriculture. En effet, en 2018, 91.4% des travailleurs étaient employés dans l’agriculture, 6.1% l’étaient dans l’industrie et 2.4% travaillaient dans les services. Sans surprise, les données existantes montrent une corrélation positive entre la croissance réelle de l’économie et la hausse du taux d’emploi et, inversement, une corrélation négative avec la hausse du taux de chômage (indicateurs sur le développement dans le monde 2018). La contraction économique se traduira donc en pertes d’emplois (hausse du chômage). En outre, elle accroitra la précarité des emplois existant étant donné le niveau de sous-emploi déjà très élevé. Selon l’enquête sur les conditions de vie des ménages de 2013-2014, le sous-emploi touche 65% des emplois du secteur agricole et du secteur industriel et 51% dans les services.
Effets sur la croissance du PIB
En Centrafrique, sous le scenario de référence, la croissance économique devrait se situer à 0.8% en 2020, soit une baisse de 3.6 points de pourcentages par rapport à son niveau anticipé avant la crise sanitaire (PNUD, 2020b). Le ralentissement de la demande intérieure et internationale à la suite de l’application des mesures de distanciation physique et de restriction sur le mouvement des personnes devrait se traduire par une hausse de l’incertitude sur la demande mondiale entrainant de ce fait une baisse des investissements privés, ainsi que des recettes fiscales domestiques. La croissance en 2020 serait principalement soutenue du côté de l’offre par l’agriculture et l’industrie dont les taux de croissance devront atteindre 5.1 % et 4,1 %, respectivement. En revanche, la croissance sera atténuée par une contraction du secteur des services qui devrait reculer de 2.9% à la suite des restrictions de voyages et l’applications des mesures de distanciation physiques, dont l’impact sur les services de l’hôtellerie et de la restauration est assez significatif. Sous le scenario pessimiste, la croissance devrait chuter à -1.2% en 2020 principalement tirée du côté de l’offre par un secteur agricole et industriel dynamiques, avec des taux de croissance respectifs de 4.1% et 1.1%. Le secteur des services en revanche devrait reculer substantiellement et enregistrer une baisse de l’ordre de 5.2%, résultant du durcissement des mesures de restriction en vue de limiter la propagation de la maladie (PNUD, 2020b).
Déficit budgétaire et endettement public
De manière générale, le déficit budgétaire en Centrafrique devrait s’empirer et le pays devrait rester en situation de surendettement. Le solde budgétaire, dons inclus, devrait se détériorer pour s’établir à un déficit de 2.0% du PIB en 2020 contre un excèdent de 1.5% du PIB précédent anticipé, selon le scenario de référence. La détérioration du solde budgétaire résulterait d’une hausse des dépenses prioritaires notamment vers les secteurs de la santé, de l’eau et de l’assainissement en vue de limiter la propagation de la COVID-19. A cette hausse des dépenses, s’ajouterait une baisse des recettes domestiques résultantes des distorsions de trafic sur le corridor Douala-Bangui à la suite du renforcement des mesures de contrôles sanitaires aux frontières. La dette publique quant à elle devrait continuer à baisser pour atteindre 42% du PIB en 2022 à mesure que le gouvernement exécute son plan d’apurement des arrières internes et externes et ne contracte plus de nouveaux emprunts. En revanche, selon le scenario pessimiste, le solde budgétaire devrait atteindre un déficit de 4.1% du PIB en 2020 contre un excédent de 1.2% un an plus tôt alors que la dette publique resterait élevée à 45.9% du PIB en 2022 maintenant de ce fait la RCA en situation de surendettement.
Le déficit budgétaire quant à lui va se détériorer à court terme. Sous le scénario de référence avec la COVID-19, les dépenses budgétaires se détérioraient pour ressortir à -6,9% du PIB en 2020, contre un excédent de 2,4% du PIB en 2019. Cette détérioration des finances publiques résulterait à la fois de la chute des recettes budgétaires due à la dérèglementation de la production et de la demande. Le gouvernement centrafricain pourrait soumettre un collectif budgétaire pour réviser son budget et redéfinir les priorités de dépenses afin d’atténuer les effets négatifs attendus de la COVID-19 sur son économie. La Centrafrique est un pays bénéficiaire des annulations de dette bilatérale de la Chine et des pays créanciers du club de Paris. Le contexte international rend difficile le respect des engagements des créanciers. Le ralentissement des économies des principaux créanciers pourrait déboucher sur la suspension de négociations sur la restructuration de la dette chinoise.
Graphique 17: impact sur le déficit public (% du PIB)
Source : Auteur avec les données de la Banque Mondiale
Effets sur les importations et les exportations
En dépit des différentes mesures de restrictions, on observe une baisse de la valeur totale des importations en 2020 relativement à celle réalisées en 2019. Cette baisse observée confirme l’analyse des effets des mesures anti-COVID sur les coûts de transaction et la baisse de la demande.
Effet sur les échanges extérieurs
Indépendamment du scenario, le solde de la balance des transactions courantes resterait déficitaire mais devrait se détériorer davantage comparée sous le scenario pessimiste. En 2020, le déficit est projeté à 5.6% du PIB selon le scenario de référence, contre 5.2% en 2019 résultant de la baisse des exportations liée à une contraction de la demande dans les pays partenaires.
Toutefois, si la situation devait persister au-delà de 3 mois (scenario pessimiste), et malgré un cours de baril de pétrole qui se situerait à $20, la baisse de la demande extérieure pèserait davantage sur les exportations, se traduisant par une détérioration du déficit commercial et par ricochet une aggravation du déficit du solde de la balance des transactions courantes qui est projeté à 6.0% du PIB.
Effets sur l’emploi et revenu
Dans le secteur de l’emploi, en l’absence de statistiques plus récentes sur le marché du travail, il faudrait toutefois relever que le taux d’emplois est estimé à 76% en projections en 2018. Si le taux de chômage au sens du BIT demeure relativement bas (3.7%), cela est imputable à la forte présence des activités informelles dans l’économie nationale, en témoigne la forte proportion des emplois vulnérables (91%) et la part de l’auto-emplois estimé à 92% des emplois totaux en 2018. La prédominance de l’emploi dans le secteur informel en RCA précarise les moyens de subsistance. L’emploi vulnérable représente en moyenne 90% de l’emploi total comme indiqué ci-dessus. De plus, ce secteur informel compte plus de femmes que d’hommes en situation d’emploi vulnérable. Dans ces conditions, la propagation de la pandémie à COVID-19 avec ses mesures de confinement, ne fussent que partielles, auraient des répercussions néfastes importantes sur le secteur informel et par ricochet l’emploi car 90% de ceci provient du secteur informel.
D’après les graphiques ci-dessous, les salariés de 84% des entreprises burkinabè enquêtés sont syndiqués contre 16% qui ne le sont pas. De même, 84% de ces employés syndiqués des entreprises enquêtées du Burkina estiment connaitre l’existence du cadre de dialogue social.
Il existe un cadre de dialogue social entre les syndicats et le gouvernement au Burkina Faso. Il s’agit de la rencontre Gouvernement-Syndicats qui est prévue se tenir chaque année. Cependant, ledit cadre, depuis 2017, n’a pu tenir de séance. Cela est dû au bras de fer engagé entre l’Etat et les fonctionnaires et l’exigence de la satisfaction de certains préalables tel que la suppression de l’Impôt Unique sur les Traitements et Salaires (IUTS) avant tout autre débat. En conséquence, le Burkina Faso a connu courant 2019-2020 une tension sociale excessive. Les grèves se sont multipliées et ont concerné plusieurs secteurs notamment l’enseignement, la santé, la justice, la sécurité, l’économie, la poste.
Le taux de syndicalisation n’étant pas facile à estimer vu le manque de statistiques. Beaucoup de syndicats ne connaissent pas exactement le nombre de leurs adhérents. Et même s’ils le savent, ils ne souhaitent pas le communiquer pour des raisons stratégiques.
Graphique 18: Syndicalisation des employés et existence du cadre de dialogue social au Burkina Faso
Source : auteurs
D’après le graphique ci-dessous, 30% des entreprises enquêtées au Burkina Faso dont les salariés sont syndiqués n’impliquent pas véritablement les syndicats dans le dialogue politique au niveau de leurs entreprises respectives contre 20% qui le font faiblement. En outre, 30% le font moyennement et seuls 20% les impliquent bien dans le dialogue politique au Burkina Faso.
En ce qui concerne le niveau d’utilisation du dialogue social dans ces entreprises, 30% des entreprises enquêtées au Burkina dont les salariés sont syndiqués estiment ce niveau faible, alors que 30% d’entre elles pensent que ce niveau est moyen et 40% que le niveau d’utilisation du dialogue social est élevé. Enfin, 20% des syndicats de ces entreprises estiment qu’ils ne sont pas engagés dans le dialogue social de leurs entreprises contre 10% qui pensent que cet engagement est faible.
Graphique 19: niveau d’implication, d’utilisation du dialogue social et d’engagement des syndicats des entreprises enquêtées dans le dialogue politique
Source : auteurs
Le niveau d’implication des syndicats des entreprises est certes acceptable, mais est révélateur des difficultés d’affronter les effets négatifs de la pandémie de la COVID-19 sur les employeurs à travers un dialogue social aussi bien à l’échelle des entreprises que à celle de l’Etat. Des efforts doivent donc être faits par les centrales syndicales au niveau des entreprises et au niveau de l’Etat. Bien entendu, il est, certes, attribué aux syndicats, au niveau national, des sièges aux conseils d’administrations de plusieurs institutions nationales à l’exemple du Conseil Economique et Social (CES), de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), de la Caisse Autonome de Retraite des Fonctionnaire (CARFO). Les syndicats sont également conviés à certains débats d’envergure nationale tel que celui sur la réforme du système salarial des fonctionnaires et la rationalisation des dépenses publiques. Mais, en dépit de leurs participations, les préoccupations et suggestions des syndicats ne sont pas souvent prises en compte.
Au titre des espaces d’engagements politique au Burkina, on peut citer : (i) le Conseil National de Protection Social (CNPS) ; (ii) l’Assurance Maladie Universel (AMU) et (iii) le Haut Conseil Du Dialogue Social (HCDS). Concernant les mécanismes, on note essentiellement (a) les plaidoyers et (b) les lobbyings. En outre, les syndicats burkinabè disposent de sièges au niveau des Conseils d’Administration (CA) de ces différentes institutions. Ils y disposent de plus de capacité pour influer sur les décisions car ils en assurent souvent les présidences.
C’est ainsi qu’à travers ces espaces d’engagement des syndicats dans le dialogue politique, la COVID-19 a constitué un sujet de débat qui a eu des impacts différemment appréciés par les entreprises burkinabè. Selon le graphique ci-dessus, cet engagement a impacté positivement 59% des entreprises enquêtées contre seulement 8% qui estiment avoir été négativement impactés. En revanche, cet engagement n’a eu aucun impact sur 33% de ces entreprises.
Graphique 20: engagement des syndicats dans le dialogue politique en rapport avec la Covid-19 sur l’économie
Source : auteurs
Par ailleurs, à travers l’intervention des syndicats, la propagation a été relativement maitrisée et les activités économiques ont pu reprendre grâce à des actions de : (i) sensibilisation sur la COVID-19 ; (ii) formation sur les modes de transmission de la COVID-19 et des symptômes et les gestes barrières ; (iii) distributions de lave-mains, savons, gels hydroalcooliques, cache-nez ; (iv) boycott d’activités qui ne remplissent pas les conditions de protection contre la COVID-19.
Cependant, on ne ressent pas l’existence d’actions gouvernementale permettant d’éviter les pertes d’emploi et la réduction de la pauvreté des travailleurs dans le pays. Par ailleurs, on assiste, du fait de la pandémie, à une explosion des licenciements intempestifs et des cas de conflits de travail. Cette crise sanitaire s’accompagne également d’une précarité sans précédent dans laquelle se plongent les travailleurs du Burkina. Ces derniers vivent sur les emprunts constitués auprès des institutions financières qui n’ont aucune pitié à leurs égards en cas de difficultés de remboursement.
Comme l’indique le graphique ci-après, il ressort des données collectées qu’au Burkina Faso neuf entreprises sur dix enquêtés connaissent la SST.
Graphique 21 : Niveau de connaissance des travailleurs sur la sécurité et la santé au travail (SST) au Burkina Faso
Source : Auteur
Également, 90% des entreprises burkinabé enquêtées pensent que la SST est d’une importance capitale pour la performance financière de leur entreprise contre 10% qui pensent que cela n’a aucun impact. Mais en période de la pandémie de la covid-19 c’est plutôt huit travailleurs sur dix qui jugent la SST importante pour leur entreprise au Burkina Faso.
Graphique 22 : Importance de la sécurité et la santé au travail (SST) sur la performance financière de l’entreprise au Burkina Faso
Source : Auteur
D’après les graphiques ci-dessous, les employés d’un quart seulement des entreprises burundaises sont syndiqués et trois quart qui ne le sont pas. Cela constitue un signe d’une faible syndicalisation des travailleurs dans ce pays comparativement au Burkina Faso. Pour ce qui est du dialogue social, tous les employés connaissent l’existence du cadre de dialogue social au Burundi.
Graphique 23: Syndicalisation des employés et existence du cadre de dialogue social au Burundi
Source : Auteurs
Dans le cadre de la promotion du dialogue social, le Gouvernement du Burundi a ratifié les conventions de l’OIT suivantes :
- C87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical à travers la loi n° 01/029 du 11 mai 1993 ;
- C98 concernant l’application des principes du droit d’organisation et de négociation collective à travers la loi n° 01/005/ du 22 mars 1996 ;
- C135 concernant la protection des représentants des travailleurs dans l’entreprise et les facilités à leur accorder à travers la loi n° 01/006/ du 22 juillet 1996 ;
- C144 concernant les consultations tripartites destinées à promouvoir la mise en œuvre des normes internationales du Travail à travers la loi n° 01/007/ du 22 juillet 1996.
Dans la mise en œuvre de la convention n° 144 sur les consultations tripartites, le Gouvernement du Burundi en collaboration avec les partenaires sociaux a mis en place la Charte Nationale de Dialogue Social et un Comité National de Dialogue Social (CNDS) par Décret N° 100/132 du 21 Mai 2013 portant révision du Décret N° 100/47 du 09/02/2012 portant création, composition et fonctionnement du Comité National de Dialogue Social.
L’objectif ultime de ce comité est de contribuer à la consolidation de la paix sociale par l’accroissement de la production et la participation des acteurs sociaux aux mécanismes consensuels de dialogue.
Le graphique ci-dessous montre que 73% des entreprises burundaises dont les salariés sont syndiqués pensent qu’elles ne sont pas impliquées dans le dialogue politique de leur pays contre 9% qui estiment qu’elles sont moyennement impliquées et seuls 18% estiment qu’elles sont bien impliquées dans le dialogue politique dans leur pays. Pour le niveau d’utilisation du dialogue social, 58% entreprises dont les salariés sont syndiqués estiment ce niveau moyen et 42% pensent que le niveau d’utilisation du dialogue social est élevé au Burundi. Enfin, 64% des syndicats des entreprises burundaises estiment qu’ils ne sont pas engagés dans le dialogue social contre 18% qui pensent que cet engagement est faible et 18% qui estiment être fortement engagés dans le dialogue politique de leur pays. Cette faible implication constitue le signe que les autorités syndicales auront des difficultés de mobilisation des salariés en vue de faire face collectivement aux conséquences négative de la pandémie, même s’il est bien entendu reconnu que les syndicats burundais sont habitués à l’usage du dialogue social depuis les années 1980 comme en témoigne les conventions collectives faites par l’ONG Wageindicator en plus de la convention nationale collective interprofessionnelle conclue le 3 avril 1980 entre le Gouvernement et les partenaires sociaux.
Graphique : niveau d’implication, d’utilisation du dialogue social et d’engagement des syndicats dans le dialogue politique
Graphique 24: niveau d’implication, d’utilisation du dialogue social et d’engagement des syndicats dans le dialogue politique
Source : auteurs
L’engagement des syndicats dans le dialogue politique en rapport avec la COVID-19 a eu des impacts différents sur l’économie burundais. Selon le graphique ci-dessus, cet engagement a impacté positivement seulement 18% des entreprises contre 18% qui estiment avoir été négativement impactés. Par contre cet engagement n’a eu aucun impact sur 64% des entreprises au Burundi.
Graphique 25: Engagement des syndicats dans le dialogue politique en rapport avec la Covid-19 sur l’économie
Source : auteurs
Les espaces d’engagement politique nationaux et les mécanismes que des syndicats peuvent utiliser dans le cadre du dialogue social en vue de garantir leur participation et leur contribution à la lutte contre la COVID-19 dans ce pays sont entre autres :
-Le Comité National de Dialogue Social
-Le Comité National du Travail
- Les rencontres directes avec les autorités gouvernementales
-Les conseils d’administration dans les institutions tripartites
-Les réunions d’éducation ouvrières
- L’organisation des ateliers de formation
-Les assemblées générales des syndicats
-Les congrès
De façon globale, il n’existe pas réellement d’actions concrètes en matière de dialogue sociale au Burundi pour maitriser les effets négatifs de la pandémie sur l’emploi. Les seules actions en cours sont celles de la COSYBU qui mène une enquête dans 10 provinces sur les 18 provinces que compte le pays afin de mettre en lumière les impacts socioéconomiques causés par la pandémie COVID-19. Elle organise en outre des réunions avec les partenaires sociaux afin de mettre en œuvre les résultats recueillis dans l’enquête.
D’après le graphique ci-dessous, au Burundi, seulement trois travailleurs sur quatre connaissent la SST.
Graphique 26 : Niveau de connaissance des travailleurs sur la sécurité et la santé au travail (SST) au Burundi
Source : Auteur
Au Burundi, seul 83% des travailleurs pensent que la SST est importante pour améliorer la performance financière de leur entreprise mais une proportion plus faible (67%) d’entre eux connaissent son importance pour la performance financière de leur entreprise pendant la COVID-19.
Graphique 27 : Importance de la sécurité et la santé au travail (SST) sur la performance financière de l’entreprise
Source : Auteur.
Le BIT a traditionnellement défini le dialogue social comme un ensemble d’institutions tripartites (gouvernement, travailleurs et employeurs) travaillant de concert pour influer à la fois sur la politique du travail et la politique socio-économique, et dont le but premier est d’assurer la paix dans les relations professionnelles. Plutôt qu’un ensemble de règles et de procédures, le dialogue social a donc été défini en tant que structure institutionnelle. Le droit à l’organisation aussi bien pour les travailleurs que les employeurs fut un des principes majeurs sur lequel se basait ce premier concept de dialogue social. Selon Richard Hyman (2000), le dialogue social a été conçu en termes de relations professionnelles entre les employeurs et les représentants des travailleurs, invoquant la négociation collective et d’autres moyens.
Il est indéniable que le dialogue social joue un rôle majeur dans les situations de crise indépendamment qu’elles soient sociales, économiques ou sanitaires. De par son caractère inattendu, imprévisible et par son ampleur, la COVID-19 exerce une pression certaine sur les économies nationales et le monde du travail à des degrés divers et variés incluant le dialogue social. Le dialogue social est capital pour impliquer les organisations syndicales dans la conception et la mise en œuvre des politiques et des décisions qui concernent le monde du travail et encore plus essentiel dans le contexte actuel de crise afin d’éviter de précipiter les droits des travailleurs dans une spirale descendante.
Le dialogue social est un mécanisme bien établi, qui est pratiqué de manière intensive et au quotidien à travers le monde et fait l’objet d’un nombre croissant d’études à l’échelle internationale. Selon les données de l’OIT, 85% des États membres sont dotés de l’une ou l’autre forme de cadre ou institutions tripartites. Certains rôles du dialogue social sont amplement éprouvés et documentés, notamment en ce qui concerne les relations professionnelles dans les économies dites développées. C’est toutefois nettement moins le cas dans les économies en développement et les États fragiles, où les rôles respectifs des partenaires sociaux sont toujours en émergence et où peu d’informations sont disponibles sur les facteurs de réussite sous-jacents et comment ces rôles peuvent être cultivés avec succès. Du reste, le rôle plus récent du dialogue social eu égard au programme de développement durable plus large est moins bien compris et documenté. Il y a une relation entre le dialogue social et le développement durable qui dépasse les cibles spécifiques établies dans les cadres internationaux, tels que les objectifs de développement durable (ODD), qui sont eux-mêmes le fruit de discussions collectives sur le développement durable. Le dialogue social peut contribuer aux cinq dimensions-clés du développement durable notamment : (1) conditions de travail, droits des travailleurs et égalité au travail ; (2) accès aux services publics et redistribution ; (3) croissance et innovation ; (4) environnement et climat et (5) gouvernance et participation.
1. Conditions de travail, droits des travailleurs et égalité au travail
Selon l’OIT (2017), le dialogue social contribue à l’ODD1 (pas de pauvreté), ODD5 (égalité entre les sexes), ODD8 (promouvoir une croissance économique inclusive et durable et le travail décent) et ODD10 (réduire l’inégalité). Le domaine où le dialogue social contribue le plus clairement au développement social et économique, dès lors que les conditions de travail (y compris l’établissement des salaires, les autres prestations, la non-discrimination et la promotion professionnelle), la démocratie au travail (droits des travailleurs) et, partant, la redistribution équitable des bénéfices des entreprises constituent les moteurs-clés du dialogue social. Au niveau national, par exemple, le dialogue social prend souvent la forme de négociations tripartites sur les politiques socioéconomiques nationales et les conditions de travail fondamentales. Dans beaucoup de pays, les niveaux salariaux et autres conditions de travail sont négociées par le biais de négociations collectives (bipartites) aux niveaux sectoriel, régional ou d’entreprise. Le dialogue social peut aussi contribuer à réduire les inégalités salariales pour certaines sous-catégories spécifiques de travailleurs défavorisés. L’impact positif du dialogue social inclut, dès lors, la lutte contre les inégalités sociétales, telles que l’écart salarial hommes-femmes qui, autrement, serait laissé en marge du processus normal de formation des salaires.
2. Accès aux services publics et redistribution
Il a été démontré, que le dialogue social peut constituer un instrument essentiel pour influencer l’orientation de la politique socioéconomique, par exemple en matière de protection sociale, dans le sens d’une inclusion accrue et d’une couverture plus complète pour les ménages à faibles revenus, tout en contribuant à la redistribution. Cet effet du dialogue social touche à toutes les références à l’accès (égal) dans les différents ODD et est fortement lié à la fourniture de biens publics dans le domaine de la santé (ODD3), de l’éducation (ODD4), de l’eau propre et de l’assainissement (ODD6) et du logement (ODD11).
Le fait de renforcer la prestation de services publics à travers le dialogue social est également bénéfique du point de vue de la redistribution, étant donné que la valeur (en espèces) des services publics est relativement plus élevée pour les ménages à revenus plus faibles. Autrement dit, les services publics financés au moyen de l’imposition de la population dans son ensemble ont un effet de redistribution important car, autrement, ces services absorberaient une part importante du revenu des ménages à plus faibles revenus, voire seraient inabordables pour ces derniers.
3. Croissance et innovation
Le dialogue social peut contribuer à améliorer la productivité et la croissance économique, d’une part, et à stimuler l’innovation, d’autre part. En promouvant la croissance économique et l’innovation, le dialogue social peut contribuer à l’ODD8 (travail décent et croissance économique), ainsi qu’à l’ODD9 (industrie, innovation et infrastructure). Les contributions du dialogue social à la croissance et l’innovation peuvent être résumées sous forme de quatre effets : (1) création de conditions incitatives en vue de l’investissement dans le développement professionnel des employés, par exemple à travers des fonds communs pour la formation ; (2) stimulation de la concurrence basée sur l’innovation des produits et des processus au lieu d’une course vers le bas en matière de conditions de travail ; (3) pression en faveur de politiques macroéconomiques et de développement durables et (4) création d’une stabilité sociale en renvoyant les questions litigieuses en matière de relations professionnelles vers les échelons supérieurs de la gouvernance.
4. Environnement et climat
Établie en 2008 par l’OIT, le PNUE, la Confédération syndicale internationale (CSI) et l’Organisation internationale des employeurs (OIE), ainsi que le Programme pour les emplois verts, reconnaissent le rôle indispensable joué par le dialogue social dans les délibérations et la mobilisation de soutien concernant les implications des nouvelles initiatives en matière de politiques environnementales sur les enjeux du travail. Nonobstant, le rôle de soutien joué par le dialogue social en tant que modalité de gouvernance pour la délibération et la mise en œuvre des politiques écologiques dépasse le lien travail-écologie. La CSI a appelé à une « transition juste », qui s’appuie sur le dialogue social en tant qu’instrument de gouvernance pour l’action climatique et conduise à des emplois décents et au progrès social au sens large. La promotion de la recherche de consensus et de la coopération entre les gouvernements et les partenaires sociaux à travers le dialogue social est considérée essentielle à la lumière des changements profonds que suppose la transition à une économie plus verte, tant au niveau de la production, de la consommation, de la technologie que de l’emploi.
5. Gouvernance et participation
Il a été avancé, que le dialogue social en tant que modalité de gouvernance peut aussi contribuer à la réalisation d’objectifs de développement durable spécifiques (4.1 à 4.4). Dans le même temps, le renforcement de la gouvernance et de la participation aux processus de développement durable constitue, en soi, l’un des défis mondiaux identifiés dans les objectifs de développement durable, à savoir l’ODD 16 (promouvoir des sociétés justes, pacifiques et inclusives) et l’ODD 17 (revitaliser le partenariat mondial pour le développement durable). Ceci fait aussi écho à une tendance plus large où le dialogue social, traditionnellement associé aux problématiques de l’emploi et du monde du travail au sens large, est de plus en plus considéré comme un instrument pour la promotion de la démocratie et de la « bonne » gouvernance aux différents niveaux. Une fonction centrale du dialogue social est précisément de fournir une structure de gouvernance alternative au-delà de la relation individuelle employé-employeur. En ce sens, le dialogue social peut pallier au déficit démocratique ou au déséquilibre des pouvoirs au sein de ladite relation. Par exemple, un régime de négociation collective peut aider à instituer un système de pouvoirs et de contrepouvoirs à même de prévenir une action unilatérale de l’employeur. L’expérience européenne montre qu’un dialogue social bien structuré où les résultats des processus de négociation sont rendus publics et qui divulgue publiquement les différentes positions (responsabilité et inclusion) a une forte probabilité de livrer des résultats en termes de travail décent et de productivité.
6- Résultats des données collectées
Pour permettre aux syndicats en Afrique de jouer pleinement ces rôles surtout pendant cette pandémie de la COVID-19, il faut un renforcement des syndicats en matière de lobbying, de plaidoyer et de techniques de négociation. Pour renforcer les capacités des syndicats en matière de dialogue social au niveau national de manière générale, il est nécessaire de faire des formations continues et des recyclages réguliers sur le dialogue social. Il faut également aider à la constitution et au financement d’un groupe d’experts de la question issu des syndicats.
A la question de savoir ce qu’on peut faire pour renforcer les capacités des syndicats africains en matière de dialogue social au niveau national, les enquêtés pensent qu’il faut renforcer les techniques de plaidoyer à l’égard du gouvernement et des employeurs. De plus, les syndicats africains doivent entretenir de bonnes relations professionnelles avec les syndicats internationaux.
A la question de savoir ce qu’on peut faire pour renforcer les capacités des syndicats africains en matière de dialogue social au niveau national de manière générale et pour faire face à la COVID-19, les enquêtés pensent qu’il faut soutenir financièrement les syndicats et les doter des moyens nécessaires pour leur permettre de faire face à leurs difficultés. Ils proposent également de multiplier les séances de formation sur le dialogue social et la COVID-19.
La pandémie de COVID-19 n’a pas épargné le continent africain. L’expérience de chaque pays sera unique, mais certains problèmes sont communs, comme le montre la présente étude. Aujourd’hui, l’évolution de l’épidémie de COVID-19 en Afrique semble globalement maîtrisée et donc moins inquiétante qu’en Europe et en Amérique. La jeunesse et la faible vulnérabilité de la population africaine nous permettent de rester optimiste et de penser que la catastrophe annoncée en Afrique n’arrivera pas, du moins pas tant que le virus n’évolue pas vers une forme plus virulente. Les aides et la solidarité devront considérablement augmenter si l’on veut maintenir cette trajectoire. Il est dans l’intérêt du monde entier de réussir à contrôler la propagation du virus en Afrique, car aussi longtemps qu’il trouvera refuge quelque part, le monde ne sera pas à l’abri. Les Nations Unies continueront à soutenir l’Afrique dans sa lutte contre la menace que représente la COVID-19, dans ses manifestations immédiates et à plus long terme.
En revanche, il est certain que le manque de moyens (financiers, technologiques, logistiques, …) de l’Afrique a un impact sur l’application des mesures sanitaires, sur le diagnostic, sur la prise en charge, mais aussi sur la déclaration de ces cas en Afrique. Face à cette situation, les décideurs et gouvernements africains doivent proposer une stratégie de santé face à la COVID-19 qui soit propre à leur continent. Cela inclut d’étendre à l’ensemble de la population des mesures d’éducation et prévention, de fabriquer des masques localement, ainsi que de miser sur des techniques de diagnostic alternatives à la biologie moléculaire utilisant des tests simples et de qualité. L’Afrique doit prendre les rênes de sa lutte anti-COVID- 19 et déployer des solutions adaptées à ses réalités épidémiologiques et à ses moyens.
L'impact économique de la COVID-19 en Afrique sera dévastateur. L'effondrement de la demande mondiale et les mesures nationales nécessaires pour contenir la propagation de la maladie ont un impact économique grave. L'incapacité à contenir rapidement la propagation du virus intensifiera considérablement l'impact économique des restrictions nationales. La baisse des revenus sera particulièrement importante pour les pauvres et les personnes vulnérables, qui risquent également d'être touchés de manière disproportionnée par une réduction de la production agricole, tant en termes de revenus ruraux que de consommation alimentaire. Il y a des incertitudes considérables sur l'avenir et l'évolution de la maladie, le succès des innovations en matière de traitement et de prévention, ainsi que sur les conséquences économiques de la crise.
De nombreuses mesures de riposte ont été prises par les pays Africains à l’instar du Burkina Faso, du Burundi et du Centrafrique dans la lutte contre la COVID-19. La plupart auront probablement un effet d’atténuation sur les retombées socioéconomiques néfastes de la crise sanitaire. Néanmoins, il s’observe que la plupart de ces mesures ne semblent pas être des projets de politique sanitaire, économique ou sociale structurelle de grande envergure. Pour le moment, ces Etat semblent d’abord chercher à apporter des solutions conjoncturelles d’urgence à la crise sanitaire, ainsi qu’à ses probables conséquences socioéconomiques.
En négociant plusieurs séries d'accords sur le travail à court terme, les partenaires sociaux et les gouvernements ont agi rapidement pour renforcer la résilience du marché du travail face à la crise COVID-19. Les régimes de travail à court terme qui maintiennent les travailleurs dans leur emploi ont empêché le choc initial de s'amplifier. Ils constituent également le fondement d'une reprise plus forte en préservant une adéquation efficace entre les travailleurs et les emplois.
L'implication des partenaires sociaux dans l'organisation du chômage partiel permet d'aller au-delà du simple acte de verser des prestations ou des subventions pour réduire le temps de travail. Le dialogue social complète ce dernier et permet de négocier des accords sur l'accès à la formation, la flexibilité du temps de travail, l'utilisation des congés et des comptes de temps de travail ou la modération salariale (temporaire) pour maintenir les emplois.
En outre, le dialogue social et la négociation collective à différents niveaux se sont complétés. Alors que les accords de haut niveau, par exemple au niveau national, ont fourni un cadre d'orientation, des approches plus adaptées ont été négociées au niveau des secteurs et/ou des entreprises, en tenant compte des conditions et situations particulières existant à ces niveaux.
Le dialogue social a joué un rôle clé dans la protection de la santé des travailleurs contre la propagation du virus. De nombreux accords et protocoles ont été négociés pour fournir aux travailleurs des équipements de sécurité personnelle, renforcer les dispositions sanitaires, réorganiser les lieux de travail et les horaires de travail pour permettre une distanciation sociale et prendre des mesures de précaution supplémentaires pour les travailleurs à haut risque, comme les travailleurs âgés.
La pandémie COVID-19 ayant représentée un choc mondial, le dialogue social s'est également mondialisé. Les sociétés multinationales et les fédérations syndicales internationales ont négocié des accords-cadres mondiaux donnant à la main-d'œuvre mondiale de l'entreprise un accès similaire aux mesures de santé et de sécurité ou à l'assurance sociale. Les gouvernements, les organisations internationales, les entreprises multinationales et les syndicats partenaires se sont engagés à travailler ensemble pour une industrie mondiale plus juste et plus résistante.
La crise COVID-19 a mis en évidence les faiblesses déjà existantes des économies Africaines. Les personnes qui se trouvent au bas de l'échelle des revenus et celles qui se trouvent dans une situation d'insécurité sur le marché du travail ont été les plus touchées. Il convient d'en tenir compte lors de l'élaboration de mesures politiques visant à reconstruire les marchés du travail. Le dialogue social doit être un élément clé de ce programme de "reconstruction en mieux" car il vise à assurer un large partage des bénéfices de la croissance économique.
CEA 2020. COVID-19 in Africa − Protecting Lives and Economies.
Gilbert, M. ; Pullano, G. ; Pinotti, F. ; Valdano, E. et Poletto, C. (2020). Preparedness and vulnerability of African countries against importations of COVID-19 : a modelling study. Lancet 2020 ; 395(10227) : 871—7.
Hardy, ÉJL et Flori, P. (2020). Spécificités épidémiologiques de la COVID-19 en Afrique : préoccupation de santé publique actuelle ou future ? Ann Pharm Fr (2020) :1-11.
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Organisation des Nations Unies. L’épidémie de coronavirus est désormais une pandémie, estime l’OMS ; 2020 : https://news.un.org/fr/story/2020/03/1063761.
Organisation des Nations Unies. Note de synthèse : les incidences de la covid-19 en Afrique.
Organisation Mondiale de la Santé. Coronavirus disease 2019 (COVID-19) Situation Report - 197 ; 2020. https://www.who.int/docs/defaultsource/coronaviruse/ situation reports/20200804-covid-19-sitrep-197.pdf.
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PNUD (2020) Briefing socioéconomique. Impacts socioéconomiques du COVID-19
OUEDRAOGO, P. I. M., KINDA, S. R., & ZIDOUEMBA, P. R. (2020). Analyse économique des effets du Covid-19 au Burkina Faso.
NIYONGABO Ephrem, Abdoulaye Konate, Taib Diallo, Marie Jeanine Hashazinka, Nathalie Meyer, Nolasque Ndikumana (2020) : Evaluation des effets Socio-Economiques du COVID- 19 au Burundi
Questionnaire sur le renforcement des capacités des syndicats africains en matière de dialogue social au niveau national pour faire face à la Covid-19
I-Identification de la structure
N°
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Questions
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Réponses
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Q101
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Nom de la structure
…………………………………………………………………………………
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Q102
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En quelle année avez-vous débuté vos activités ?
|___||___|/|___||___|/|___||___||___||___|
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Q103
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Etes-vous importateur ? 1 = Oui 2= non
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|___|
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Q104
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Etes-vous exportateur ? 1 = Oui 2= non
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|__|
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Q105
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Quelle est la qualité du répondant ?
1= DG 2= Comptable 3= Directeur technique
3 = Autre (spécifier)…………………………
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|___|
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Q106
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Quelle est la branche de votre principale activité ?
01 = Agriculture, Foresterie et Pêche
02 = Mines et carrières
03 = Industrie manufacturière
04 = Fourniture d’électricité de gaz et de climatisation
05 = Approvisionnement en eau, gestion des eaux usées et des déchets
06 = Construction de bâtiments
07 = Commerce de gros et de détail
08 = Transport et stockage
09 = Activités d’hébergement et de restauration
10 = Information et communication
11 = Activités financières et d’assurance
12 = Activités immobilières
13 = Education
14 = Activités des soins de santé et de travail social
15 = Arts, spectacles et loisirs
16 = Autres (spécifier)……………………………………………..
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|___|
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Q107
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Quel est l’effectif des salariés permanents ?
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|___||___||___||___|
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Q108
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Votre chiffre d’affaires hors taxes l’année dernière était de :
1= pas de CA, 2= moins de 2 millions, 3= 2 à 5 millions, 4= 5 à 50 millions, 5= 50 à 200 millions, 6 = plus de 200 millions
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|___|
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II. Sécurité et la santé au travail (SST)
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Questions
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Réponses
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Q201
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Avez-vous une connaissance sur la Sécurité et la Santé au Travail ? 1 = Oui 2= non
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Q202
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Quelle est l’importance de la Sécurité et la Santé au Travail sur la performance financière de votre entreprise ?
1= impact négatif 2= aucun impact 3=impact positif
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Q203
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Avec Covid-19, quelle est l’importance de la Sécurité et la Santé au Travail sur la performance financière de votre entreprise ?
1= impact négatif 2= aucun impact 3=impact positif
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III. Impact de la pandémie Covid-19 sur les économies
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Questions
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Réponses
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Q301
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Par rapport à l’année 2019, comment vont évoluer les éléments ci-dessous au cours de l’année 2020 ? (Veuillez cocher une case par ligne) ?
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Aucune
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0-25%
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25-50%
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50-75%
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75-100%
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Plus de 100%
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Ne sait pas
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Q301A
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Réduction du PIB
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Q301B
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Augmentation du PIB
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Q301C
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Réduction des exportations
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Q301D
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Augmentation des exportations
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Q301E
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Réduction des importations
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Q301F
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Augmentation des importations
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Q301G
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Réduction des recettes du gouvernement
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Q301H
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Augmentation des recettes du gouvernement
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Q301I
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Réduction de la dette publique
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Q301J
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Augmentation de la dette publique
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Q301K
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Réduction de la balance des comptes courants
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Q301L
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Augmentation de la balance des comptes courants
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Q301M
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Réduction du taux de change
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Q301N
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Augmentation du taux de change
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Q301O
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Réduction des transferts de fonds
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Q301P
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Augmentation des transferts de fonds
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Q301Q
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Réduction des emplois
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Q301R
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Augmentation des emplois
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Q301S
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Réduction des revenus
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Q301T
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Augmentation des revenus
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Q302
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Par rapport à l’année 2019, comment vont évoluer les cibles des ODD suivants au cours de l’année 2020 ? (Veuillez cocher une case par ligne) ?
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Aucune
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0-25%
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25-50%
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50-75%
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75-100%
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Plus de 100%
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Ne sait pas
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Q302A
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Réduction de l’extrême pauvreté
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Q302B
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Augmentation de l’extrême pauvreté
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Q302C
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Réduction de la pauvreté
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Q302D
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Augmentation de la pauvreté
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Q302E
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Réduction des emplois
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Q302F
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Augmentation des emplois
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Q302G
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Baisse des salaires
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Q302H
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Augmentation des salaires
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IV. Covid-19 et le cadre de dialogue social
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Questions
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Réponses
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Q401
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Les salariés de votre entreprise sont syndiqués ? 1= Oui 2= Non
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Q402
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Existe-t-il un cadre de dialogue social ? 1= Oui 2= Non
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Q403
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Quel est le niveau d’implication des syndicats ?
1 = Aucun 2= faible 3= moyen 4 = élevé
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Q404
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Quel est le niveau d’utilisation du dialogue social ?
1 = Aucun 2= faible 3= moyen 4 = élevé
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Q405
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Quel est le niveau d’engagement des syndicats dans le dialogue politique en rapport avec la Covid-19 ?
1 = Aucun 2= faible 3= moyen 4 = élevé
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Q406
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Quel est l’impact de l’engagement des syndicats dans le dialogue politique en rapport avec la Covid-19 sur l’économie ?
1= Négatif 2= Aucun 3= Positif
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Q407
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Quel est l’impact de l’engagement des syndicats dans le dialogue politique en rapport avec la Covid-19 sur les travailleurs ?
1= Négatif 2= Aucun 3= Positif
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Q408
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Quelles sont les espaces d’engagement politique nationaux que les syndicats peuvent utiliser dans le cadre du dialogue social en vue de garantir leur participation et leur contribution à la lutte contre la Covid-19 dans votre pays ?
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Q409
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Quelles sont les mécanismes que les syndicats peuvent utiliser dans le cadre du dialogue social en vue de garantir leur participation et leur contribution à la lutte contre la Covid-19 dans votre pays ?
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Q410
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Quels sont les interventions mises en œuvre dans votre pays pour éviter les pertes d’emploi ?
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Q411
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Quels sont les interventions mises en œuvre dans votre pays pour réduire la pauvreté des travailleurs ?
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V. Proposition de stratégies
Q501
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Selon vous, qu’est-ce qu’on peut faire pour renforcer les capacités des syndicats africains en matière de dialogue social au niveau national pour faire face à la Covid-19 ?
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